Les Météores

Peut-on imaginer plus beau paysage que celui des Météores? Peut-on imaginer vision plus grandiose que celle de ces rochers gigantesques découpant leurs formes tourmentées sur un ciel sans nuages? Pourtant, Tintin ne prêtait guère attention à la beauté du site. Sa tête était pleine de pensées…

     Les météores

 

Présentation

Situés près du centre de la Grèce continentale, dans la région de la Thessalie, entre le massif du Pinde (ouest) et les monts Antichasia et à proximité de la ville de Kalabaka (ou Kalambaka) , les Météores sont un ensemble de curieux rochers où les moines grecs orthodoxes du XIV ème siècle choisissent d’aller s’y s’installer en construisant aux sommets de ces rochers des
monastères pour s’isoler, s’y recueillir et prier dans le climat de paix et silence qu’offrent ces sommets. Relativement
méconnu et pourtant chargé d’histoire ne figurant pas dans les images classiques de la Grèce dites »Carte postale» comme le Parthénon à Athènes, Delphes ou les îles de la mer Égée, la popularité de ce site, depuis les années 80, va en s’accroissant. Ce site est situé à cinq heures de voiture de Athènes, sur des routes qui se parcourent aisément.

Quand on visite l’endroit, en contemplant cet ensemble de rochers, on en ressent un curieux mélange d’envoûtement et d’oppression. Au vu de ces monuments fantastiques, les explications de leurs formations géologiques ne sont pas claires. Cependant, deux pistes d’explication sont retenues: La première, » Les formations érosives sont des noyaux de roches dures qui se trouvent isolées après l’érosion des roches voisines plus tendres, grès et sable argileux.»(2), et la seconde piste d’explication: »Il s’agît d’un cône de fleuve en delta, au paléogène, lorsque la plaine de Thessalie était encore un lac, déposa à son embouchure diverses alluvions (sables, boue, galets etc.) qui s’agglomérèrent et formèrent un cône, qui, après le retrait des eaux, se fragmenta en collines et en rochers de diverses formes.» (3). et une certitude demeure, que ces rochers tiennent leur aspect actuel sous l’influence de l’érosion éolienne.

Les monastères du Mont Athos

Également en Grèce, l’ensemble monastique du Mont Athos est en quelques sorte le grand frère des Météores, encore très actif de nos jours, plus ancien et plus grand: la construction de son premier monastère remonte à l’an 963 et comptant 20 monastère au total. On y compte parmi eux un monastère russe, un serbe, un roumain et un bulgare tous de confession orthodoxe. Le tout se trouve sur la plus orientale des trois péninsules Chalcidique au nord de la mer Égée. La péninsule, d’une longueur de 45 km et large de 5 à 8 km, avec un relief montagneux comportant un littoral le plus souvent pourvu de hautes falaises, offrait une protection accru en cas d’attaques des turcs et des pirates. Le Mont Athos ( 2030 m ) occupe la pointe sud de la presqu’ile. L’endroit est accessible seulement par bateau et bénéficiant d’un statut d’autonomie spécial et géré par le ministère grec de affaires étrangère et fonctionne comme un véritable état.

Un peu d’histoire

Les premières références historiques des Météores sont difficiles à retracer et selon des sources traditionnelles, le groupe de rochers au cœur de la Thessalie pouvaient y loger quelques ermites au courant du premier millénaire de notre ère. Ils vivaient dans les variétés de grottes et cavités que le site leur offrait. Ils se constituent des petite églises mais c’est au courant du XI ème siècle que la vie monastique organisée des lieux prend son envol avec la construction du Couvent de Doubiani qui sera sous l’autorité de l’Évêché de Staghi (actuellement Kalambaka). La vie s’y écoule lentement et en toute quiétude pendant quelque siècles et ce malgré les soubresauts de la région où se succèdent des envahisseurs divers tels que les Francs, les Serbes et les Turcs…

Et survient la conquête de la Thessalie par les Serbes et leurs alliés Albanais et Bulgares dans les années 1328-1334, par l’Empereur de Byzance, Andronic III Paléologue, dit Le Jeune, avec à la fois son rival et son allié, Stephanos Dousas roi des Serbes, qui désigne un gouverneur régional, Grégoire Préliub et son frère utérin Syméon uros Paléologue, souverain de l’Etolie, région située au sud est de la Thessalie.

C’est en 1334 , pourchassé du Mont Athos, par des envahisseurs corsaires, arrive aux Météores, le moine Athanase, accompagné de son père spirituel, Grégoire, et ils s’installent sur le »pilier de staghi» et ils y demeurèrent environ dix ans. (4).

Les charmes de l’endroit ont plu à Athanase, le site, loin d’Athos , de la mer offrait à ses yeux un nouveau refuge idéal à la vie monastique, En 1334, il rassembla quatorze moines de la région voisine et monta sur le »platy litho» (pierre plate), un grand rocher dont le sommet se trouve à 613 m au dessus du niveau de la mer et à 413 m de celui de Kalambaka.(5).

Il s’agit de la fondation du premier vrai monastère celui du Grand Météore aussi connu sous le nom de La Transfiguration. C’est vraiment sous l’impulsion d’Athanase que les Météores prennent leurs envol.

Suite à la mort de Stephanos Dousas et de Grégoire Préliup. Syméon se proclame Roi et Tsar et uni la Thessalie à l’Épire, avec Trikala comme capitale.(6).

Très croyant et très dévoué à l’église orthodoxe, Syméon, accorde des subventions et de nombreux privilèges aux monastères de Météores, et envoya même son fils Jean Ouressi Paléologue étudier au Mont-Athos. Syméon décède en 1371 en laissant bien sûr à son fils en héritage plus que son trône, il laisse aussi à Jean sa grande foi et sa spiritualité.
Le jeune héritier rejoint son trône en Thessalie, et semble-t-il qu’il met peu de temps à aller visiter le monastère du Grand Météore où il allait faire une rencontre qui changera le cours de son existence: faire la connaissance du moine Athanase.
La sérénité, le magnétisme, la dévotion et la luminosité de ce dernier ont eu un effet capital sur le jeune souverain. L’effet de sagesse qu’Athanase lui dégage est si profond qu’il s’attache assitôt à lui, ce qui donne lieu à une grande amitié et en vient à abandonner son trône, ses pouvoirs, ses privilèges, pour s’ajouter à disciples et choisit la voix de l’humilité et des privations, et Jean Ouressi Paléologue de deviendra simple moine sous le nom de Joasaf.

Onze années plus tard, durant lesquelles Joasaf a étroitement collaboré avec Athanase, ce dernier décède et est enterré
sur le site près du Grand Météore. Joasaf qui lui succède comme supérieur du Grand Monastère dirigera, entretiendra, agrandira, receuillera donnations avec la droiture et la dignité qu’Athanase lui légua…

Et l’histoire du site monastique des Météores depuis cette époque jusqu’a nos jours aura eu un parcours difficile : pillages, vandalisme, les soubresauts de l’indépendance de la Grèce dans les années 1830, l’invasion allemande de la seconde guerre mondiale et bien d’autres. Seuls trois des six monastères restants sont encore occupées par quelques moines, principalement celui du Grand Météores, les trois autres restants sont désert mais toujours ouvert au public et bien entretenus.

Nous voici au Grand Météore, Fondé en 1340 par le moine Athanase dont on a parler plus haut, après un séjour avec son père spirituel Grégoire dans un ermitage au Rocher du St-Esprit, Athanase, toujours en quête plus de solitude, lorgnait le sommet du rocher le plus élevé des Météores connu sous le nom de» plathys lithos» (la pierre plate). Athanase s’y rend d’abord seul, mais peut de temps après il est rejoint par 14 autres moines, Athanase y prend le titre d’higoumène et y établit ses propres règles.

Suite à l’installation du premier ermitage rudimentaire, Athanase ordonne la construction de la première église dédié à la Mère de Dieu et un peu plus tard ce sera la construction d’une autre église dédié à la Transfiguration du Christ Sauveur qui deviendra l’église principale (catholicon) du monastère qui donnera son nom officiel au monastère De la Transfiguration.

C’est en 1380 que décède Athanase à l’âge de 78 ans non sans désigner son successeur et c’est un moine du nom de Joassaf. Ce Joasaf était en fait Jean Ouressi Paléologue, ex prince et fils du roi gréco-serbe de Thessalie Siméon Ouressi Paléologue, qui après un bref séjour au monastère du Grand Météores entre novembre 1372 et juin 1373 où il découvre le calme, l’envoutement et la grande sagesse spirituelle du père Athanase. C’est dans ce laps de temps semble t-il, qu’il avait décider de rejoindre les rangs des disciples d’Athanase sur la pierre plate et prend le nom de Joasaf. À 22 ans seulement, le jeune prince renonce à la richesse, au luxe de la vie de palais pour devenir moine et vivre de l’amour divin, des privations et de la piété auprès de son maitre spirituel. Joasaf veillera à la prospérité du Grand Météore dont en 1387-1388, la rénovation et l’agrandissement du catholicon initial érigé par Athanase.
En 1393 surviens la conquête de la Thessalie par les Turcs sous le règne du sultant
ottoman Beyazid 1er, Joasaf doit prendre la fuite avec trois de ses disciples: l’hiréomoine Sérapion et les les moines Philothée et Gérassime pour ce réfugié au monastère Vatopédis au Mont Athos mais ils reviennent aux météores avant 1401.

Mesdames! ce petit avis vous attend à l’entré de chacun des monastères…
Une voute qui contiens les crânes de moines qui sont décéder au monastère selon la tradition.

Monastère du Grand Météores
( Ιερά Μονή Μεγάλου Μετεώρου )

L’essor du monastère continue de croître au 16 ème siècle entre autre sous l’Igoumène Siméon (considéré comme les troisième fondateur du Grand Météores) il y fit ajouté la nef et le narthex au catholicon existant en 1544-1545 croît-on, et un magnifique réfectoire en 1557.

Le monastère du Grand Météore est aujourd’hui, à l’instar des autres monastères muni d’un accès facilité par un escalier creusé dans le rocher dans les années 1920. On peut y faire une visite agréable du site, voir son catholicon, les cuisines, le cellier etc.

Le musée du monastère est le plus important du site avec une riche collection d’objets monastiques, des incunables , îcones, peintures, broderies etc. fait à
noter: on y retrouve aucun document de la main du père Athanase tout simplement qu’il n’en n’a pas lèguer, peut être en raison de sa grande humilité.

Source: google image

Monastère de Roussanou 
(Ιερά Μονή Ρουσάνου)

Sur la route au retour du Grand Météore,le monastère suivant que nous rencontrons est le petit monastère de Roussanou, juché haut sur un piton rocheux et trois étroit, très similaire au monastère de Saint Nicholas d’Anapafsas, les origines du nom sont mal connus.

De ses fenêtres, l’édifice offre une vue absolument magnifique sur le site environnant, on y distingue bien les cinq autres monastères encore existants, à l’instar des autres monastère celui là était également accessible par un système de poulies et de cordes mais aujourd’hui son accès est facilité par un escalier aménagé dans les années 1930.

Monastère de Saint Stéphane ou Saint Étienne

(Ιερά Μονή Αγίου Στεφάνου)

Situé le plus au sud du l’ensemble, ce monastère est la plus accessible avec un pont routier. Le site offre un belle vue sur la ville de Kalambaka.

On ne connais pas la date exacte de sa fondation mais selon une source sûre, une pierre situé à l’entrée du monastère comportait une date: 1191/1192…et le prénom d’un certain Jérémie dont on ne sait peu de choses, mais fort probablement un des premiers moines qui à vécu dans une grotte de l’endroit. La présence de cette pierre à été relevé par plusieurs visiteurs notables depuis des siècles dont Léon Heuzey, archéologue français, en août 1958, mais cette pierre a mystérieusement disparue après 1927! (9)

On doit la fondation véritable du monastère à l’archimandrite le bienheureux Antoine, vers la première moitié du XV ème siècle et plus tard on attribura au bienheureux moine Philothée qui agrandit et veille au mieux le monastère dont un Catholicon consacré à St-Étienne.

Le monastère comprend un musée qui comprend de beaux manuscrits intéressants, des incunables, des icônes et biens d’autres objets précieux.

Source: google image
Cliché montrant des troupes françaises
devant le monastère Sainte-Trinité lors de
la première guerre mondiale en 1917.
Source: google image, auteur inconnu.

Monastère de la Sainte Trinité
(Ιερά Μονή Αγίας Τριάδος)

De tous les Monastères, celui ci figure parmi les plus connus, le plus photographié, le plus »icônique» si vous ma passer l’expression, dû à sa forme isolé presque de champignon. De plus la Sainte Trinité a été la vedette dans deux films: Tintin et le mystère de la Toison d’or (1960) et le James Bond Rien que pour vos yeux (For your eyes only) (1983).
Fondé par le moine Dométios, la construction du monastère se situe entre 1458 et 1476 mais on ne le sait pas avec exactitude,cependant te toute vraisemblance, c’est le troisième ensemble plus ancien des Météores. Un escalier a été taillé dans le roc en 1925 pour y facilité l’accès.

En haut de l’escalier à l’entré du site, une petite chapelle en rotonde taillée dans le roc en 1682 et recouverte de fresques nous accueille. L’ensemble de site comprend réfectoire, cuisine ,cellules etc. Son catholicon est dédié à la Saint Trinité, de concept byzantin: en forme de croix, deux colonnes, coupole basse, narthex et une petite sacristie. Le sanctuaire comprend une icône de la Vierge datant de 1718 »de la main de Rizos» (comme inscrit à l’arrière) et une une icône du Christ (1662). (10)

Le catholicon comprend aussi un Évangile recouvert d’argent imprimé à Venise en 1539. La Sainte-Trinité était encore propriétaire de 124 manuscrits, qui depuis 1953 sont déménagés et conservés au monastère de Saint-Étienne, certains parmi cette collection retrouvèrent ultérieurement aux monastères de Roussanou et de Saint-Nicolas Anapafsas.

1. André Barret et Rémo Forlani: Tintin et le mystère de la Toison d’or, Casterman, 1962. p.31.
2. Nikos Nikonanos: Les Météores, Un guide complet des monastères, Ekdotike Athenon  S.A. ,1989. p.17.
3. Nikos Nikonanos: Les Météores, Un guide complet des monastères, Ekdotike Athenon  S.A. ,1989. p.17.
4. Anonyme,Météores, les rochers sacrés et leurs histoire, Bureau de l’organisme Hellénique du tourisme de Kalambaka, année inconnue. p.8.
5. Anonyme,Météores, les rochers sacrés et leurs histoire, Bureau de l’organisme Hellénique du tourisme de Kalambaka, année inconnue. p.10.
6. Anonyme,Météores, les rochers sacrés et leurs histoire, Bureau de l’organisme Hellénique du tourisme de Kalambaka, année inconnue. p.10.
7. D.Z.  Sofianos, Meteora, itinéraire, Editon du Saint Monastère de la Transfiguration. ,1992. p.59.
8. D.Z.  Sofianos, Meteora, itinéraire, Editon du Saint Monastère de la Transfiguration. ,1992. p.34.
9. D.Z.  Sofianos, Meteora, itinéraire, Editon du Saint Monastère de la Transfiguration. ,1992. p.39.
10.  Anonyme,Météores, les rochers sacrés et leurs histoire, Bureau de l’organisme Hellénique du tourisme de Kalambaka, année inconnue. p.95.